, NOVEMBRE 1^92.                                289
Le mardi troisieme dudit mois de novembre, un secretaire du Roy, de mes amis, me conta qu'estant allé baiser les mains à madame de Nemoux-, et lui aiant ladite dame demandé des nouvelles du Roy et dè. la cour qui lors estoit à Saint-Denis, de M. le chance­lier, et tout plain d'autres particularités : il lui aurok entre autres choses dit qu'on se plaingnoit fort de deque les mains levées de deçà ne s'entretenoient point; que M. le chancelier en estoit fasche, et que ceux, du Roy disoient qu'on les traictoit mal à Paris. A quoi la­dite dame respondit que son fils estoit aprés à y don­ner ordre, et qu'en brief il y pourvoiroit. Puis^ui de­manda que c'esjt qu'ils disoient d'elle,, et quelle opinion qu'ils en avoient?"« De vous, madame? dit l'autre. Cha­ce cun dit que si on vous awrit veu une fois monter « en vostre carosse pour faire quelque bon accord, que «c tout le monde vous beniroit et vous suivroit. Au « reste, on n'ignore point de par delà vos qualités, vos « mérites et vos grades : ils vous reconnoissent pour « fille de roy (0, et qui pouvez beaucoup pour une « bonne paix à l'endroit de vos enfans. — Je vous dit-« fai, respondit madame de Nemours : Mon fils du a Maine a quarante ans passés ; les autres ont aage pour « se sçavoir gouverner. Je n'en fais pas ce que je veux: « il s'en faut beaucoup. Bien sçay-je une chose que je a veux bien que vous sachiez, et eux et. tout : c'est « qu'ils ne se rendront pas aisément. Toutefois je vous « asseure que mon esprit y travaille, et que je n'ai rien « tant au cœur que la paix, pour laquelle avoir je ferai « avec eux tout ce que je pourrai. » Et dessus lui
(<) Fille de roy: Anne d'Est, duchesse de Nemours, étoit petite-fille de Louis xn.
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